En préparant cet article, j’ai beaucoup hésité sur le titre que je devais lui donner. « Grâce à Maître Marie-Elise Gbedo« , j’en était sûre. Mais comment formuler la suite? J’étais partagée entre « j’ai le droit de vivre avec mes enfants » et « mes enfants ont le droit de vivre avec leur mère. » En réalité les deux phrases sont correctes et valables pour ce que je veux écrire; mais je ne pouvais pas les mettre ensemble dans le titre au risque d’avoir un titre trop long. J’ai donc dû choisir et j’ai choisi « j’ai le droit de vivre avec mes enfants ». Après tout, c’est moi qui veux raconter mon histoire comme je l’ai vécue et les leçons que cela m’a enseignées. L’histoire en question est l’histoire de ma bataille juridique pour avoir la garde de mes deux enfants
Dans cette histoire, Me Gbedo a été pour moi une véritable super-héroïne. Elle n’a pas été seulement mon Conseil devant les juges. Elle m’a soutenue pour de vrai et elle m’ a donné de la force. Elle m’a surtout encouragé à faire confiance en la justice béninoise, ce qui n’était pas du tout évident à partir du moment où j’avais eu l’impression que la justice béninoise était une justice injuste. Grâce à Me Gbedo, j’ai pu y croire, tenir bon et avoir la justice que je demandais.
« Si c’est moi qui vous défend, ils ne vous prendront pas vos enfants ». Cette phrase a été dite par Me Gbedo le 27 Août 2017 au Golden Tulip Hôtel de Cotonou. Je m’en souviens comme si c’était hier.

Elle était l’invitée principale d’une rencontre des femmes et elle était venue nous entretenir sur plusieurs sujets en rapport avec les droits des femmes et le leadership féminin en général. C’est en répondant à une question d’une participante qu’elle a prononcé cette phrase qui est restée dans ma tête comme une promesse. Pourtant à l’époque, j’avais une autre avocate et j’étais en attente du jugement de mon divorce. Ma procédure devant le tribunal de première instance de Cotonou était en cours depuis deux ans.
Ce jour-là au Golden Tulip, j’écoutais Me Gbedo et je regrettais de ne pas l’avoir eu comme avocate dès le début. Biensur, j’étais allée la voir mais elle n’était pas disponible parce qu’elle était en campagne pour l’élection présidentielle de 2016.
Par la suite, j’ai rencontré Me Gbedo à plusieurs reprises dans le cadre de la publication du livre Au mal masque-Résilience, livre qu’elle a accepté de préfacer en juin 2018. A ce moment-là, je ne savais pas encore qu’une grosse déception m’attendait et que Me Gbedo allait être ma seule bouée de sauvetage. Cette grosse déception arriva en début du mois d’Août 2018 avec le jugement de divorce et la perte de la garde des enfants. J’ai été anéantie par ce jugement que je trouvais hautement injuste et injustifié, d’autant plus qu’il était rendu par une femme juge. Et surtout, j’ai été déçue d’apprendre que mon avocate d’alors était de connivence avec mon ex mari et qu’elle aurait œuvré à ce que je perde le droit de vivre avec mes enfants. Pire : j’ai été choquée de constater combien l’intérêt supérieur des enfants est si peu considéré par certaines femmes juristes. Et je me demandais si ces femmes juriste savent vraiment ce que c’est un Manipulateur Pervers Narcissique? J’avais envie d’aller les voir pour leur donner des copies de Au mal masqué-Résilience à lire, mais j’ai fini par me raisonner : à quoi bon? Elle s’en foutent probablement…Dommage .

Quand le jugement a été rendu, je n’arrêtais pas de (me) demander POURQUOI ? COMMENT ? Plusieurs personnes ont essayé de m’aider à comprendre : « Oh, tu sais, c’est le Bénin. C’est l’argent qui décide.. »; « Oh! tu sais, ici, c’est toujours les hommes qui gagnent » « Ah! Il a du les payer! Il y a tout un réseau d’avocats spécialisés en ça » « Hum! peut-être que ces femmes juristes sont elles-mêmes des victimes qui s’ignorent! » etc… etc…Mais la seule réponse qui a été la meilleure pour moi a été celle de Me Gbedo. Elle m’a dit : « Oubliez les questions et allez faire appel de ce jugement. Faites le tout de suite, demain matin très tôt; N’attendez pas un jour de plus; FAITES APPEL. » Celle qui était mon avocate ne m’a pas donné ce sage conseil. Ses collaborateurs ne m’ont même pas appelée pour m’informer du jugement rendu (vu que je n’y étais pas), c’est moi qui les ai appelé pour savoir la décision rendue par la juge. Et personne parmi eux ne m’a invité à aller faire appel rapidement. c’est Me Gbedo qui m’a informé de ce qu’il fallait faire.
C’est ainsi que Me Gbedo est devenue mon avocate et ce fût le début d’une grande aventure qui allait beaucoup la fatiguer. Plusieurs fois, elle a été étonnée des agissements de mon ex-mari et des décisions de certains juges. Plusieurs fois, elle a eu à me dire « Je n’ai jamais vu ça » ou « Je n’ai jamais eu une affaire aussi compliquée que la votre ».
Quand j’ai fait appel, mon cœur s’est un peu apaisé parce que j’espérais que les enfants allaient rester avec moi en attendant la décision de la Cour d’Appel. Mais mon apaisement a été de courte durée. En Novembre 2018, mon ex-mari a décidé de garder les enfants chez lui et de me refuser de les voir. Par la suite, il a décidé de m’empêcher de les avoir ensemble en visite chez moi et j’ai du gérer cette séparation des enfants pendant plus d’un an. Devant cette situation, et en attendant le procès devant la cours d’appel, Me Gbedo a tout tenté pour faire revenir les enfants chez moi, en vain. Après plusieurs audiences en 2019 et une enquête sociale ordonnée par un premier juge des enfants, mon dossier passa devant un deuxième juge des enfants qui rendit un jugement en déclarant le tribunal incompétent! Cette procédure a duré 1 an.
Après chaque déception, Me Gbedo me disait « Restez positive. Nous irons jusqu’au bout et à l’heure de Dieu, nous allons gagner. Rassurez les enfants et dites leur de prier. Nous allons gagner ». Je m’accrochais alors à ces mots. Je sais qu’il y a beaucoup de gens qui ne croient pas au pouvoir des mots mais moi j’y crois fort. Les mots d’encouragement sont magiques et très puissants; ils n’ont pas de prix car leur vraie valeur est inestimable. Avec ses mots positifs et sa foi, Me Gbedo m’a aidé à tenir. Sans elle, j’aurais peut-être pu me décourager, abandonner ou perdre mon combat.
Pour mon audience devant les juges de la Cour d’Appel de Cotonou, Me Gbedo m’a fait faire une préparation digne d’une soutenance d’une thèse de doctorat! Elle m’a invitée dans son bureau pour m’expliquer en détail la conduite à tenir devant les juges. Je devais être brève tout en disant tout l’essentiel, donner certains détails et laisser d’autres, être cohérente du début à la fin, parler avec conviction, à haute voix, sans aucune hésitation et surtout je devais avoir les mains libres et parler sans avoir des notes à lire. Je devais convaincre les juges que je suis une femme capable de m’occuper de mes enfants et soucieuse de leur bien-être avant toute autre chose.

Grâce à Me Gbedo, je me suis sentie en confiance devant les juges de la Cour d’Appel et j’étais sure d’être capable de les convaincre du bien fondé de mon dossier. J’ai parlé fort pour présenter ma situation et j’ai demandé qu’ils me retournent la garde des enfants et le droit de voyager avec eux sans passer par le Procureur de la République. à la fin de l’audience, j’ai senti un énorme soulagement : la joie de s’exprimer .
Après cela, il y a eu l’audience de plaidoirie où les avocats devaient dire le droit. Là, Me Gbedo a bien parlé aux juges pour appuyer ma demande et elle leur a remis une pile de notes renfermant tous les détails de ma situation et de la situation des enfants. Par la suite, une autre audience a eu lieu pour les enfants. A ce niveau, Me Gbedo m’a informé de comment je devais préparer les enfants surtout pour les rassurer afin qu’ils se sentent à l’aise de s’exprimer devant les juges au tribunal.

Raconté comme ça, on pourrait croire que toutes ces audiences se sont passées rapidement les unes après les autres; mais ce n’est pas du tout ça. Les affaires d’audiences au tribunal, c’est surtout une affaire de patience – beaucoup de patience. Surtout depuis l’avènement de la Covid-19 au Bénin et des « mesures barrières » dans les lieux publics. Entre le moment où j’ai fait appel du jugement de divorce et l’enregistrement de mon dossier à la Cour d’Appel, 5 mois sont passé. Entre l’enregistrement du dossier et la première audience à la Cour d’Appel, 12 mois sont passé. Entre la première audience et la décision finale de la Cour d’Appel, 15 mois sont passé. Au total 32 mois, soit deux ans et huit mois d’attente pour la Cour d’Appel. Avant ça, j’avais attendu aussi 32 mois pour avoir le jugement de première instance. Durée totale de la procédure : cinq ans et quatre mois.
Attendre n’était pas si difficile puisque de toutes façons je n’avais pas le choix (à part peut-être abandonner mon combat, ce qui n’était pas envisageable pour moi). Je devais attendre. Le vrai challenge, c’était de rester positive en attendant. J’ai utilisé toutes les astuces possibles pour garder mon esprit dans une bonne vibration, pour ne pas focaliser sur la peur, déprimer et éventuellement contaminer les enfants.

Ma crainte était que les juges décident de séparer les enfants en disant que l’un va chez papa et l’autre chez maman. Quand je pensais à cette éventualité, j’avais mal au cœur. Mais Me Gbedo me rassurait à chaque fois : « Restez positive. », disait-elle sans arrêt. Et elle avait raison!
Au début du mois d’avril 2021, la Cour d’Appel de Cotonou a enfin rendu sa décision finale en me retournant la garde des enfants comme je l’avais demandé. Je n’ai pas de mots pour exprimer ce que j’ai ressenti quand j’ai entendu le Président du tribunal prononcer ces mots : « le tribunal confie la garde des enfants à leur mère ». Un énorme poids s’est dégagé de mes épaules et je me suis sentie légère! Ouf ouf ouf!
Je sais que cette victoire a été possible grâce à plusieurs choses : la compétence et l’engagement de Me Gbedo pour la Justice, ma résilience, la volonté des enfants et l’impartialité des juges de la Cour d’Appel de Cotonou. Il fallu investir du temps, de l’énergie, de l’argent; et je n’aurais pas pu y parvenir si je n’avais pas tous ces moyens. Il y a eu aussi le soutien moral de mes proches et de mes collègues de travail.

Je suis sure que je n’aurais pas pu aussi bien m’en sortir sans les encouragements et les ondes positives de mon entourage. C’est pour cela que je me sens reconnaissante envers tout et envers tous ceux et toutes celles qui m’ont soutenue. Merci à Me Marie-Elise Gbedo et à ses collaborateurs. Merci aux Juges de la Cour d’Appel de Cotonou. Merci à mes parents. Merci à mes enfants. Merci à mes amis. Merci à mes collègues. Merci à tous!
Tout est grâce! Cette victoire reste avant tout une bénédiction. Une bénédiction de plus! Restons donc dans la Gratitude.
Quant aux détails, suspenses, rebondissements et leçons de toute cette histoire (et de sa génèse aussi), il est clair que je ne pourrais pas tout décrire dans un seul article. Pour tout raconter, je pense qu’il faudrait tout… un livre !
Peace & Love,
AmaZone.